/*

4 – Quand la mort(e) rôde...

À bonne distance, Sue regarda l’homme et la femme s’éloigner.
Elle s’était mise en tête de suivre Anthéa de loin, quelque temps auparavant. Mais malgré la distance qu’elle avait soigneusement laissée, son aura de mort semblait avoir pollué les rêves de la jeune femme.
Au petit matin, quand elle avait franchi le voile, Sue l’avait pistée à travers la trame des réalités. Cela n’avait rien eu de difficile.
Une fois Anthéa repérée, ses papillons avaient découpé une brèche dans le tissu existentiel pour lui permettre de passer, et le tour était joué.
À présent, tapie à l’orée de la clairière, Sue observait de loin l’homme qu’elle avait rejoint. Elle savait qu’elle ne pourrait plus rester dans l’ombre très longtemps : sa simple présence finissait toujours par troubler les vivants.
Et puis… l’homme ne semblait pas du genre à se laisser filer bêtement. D’autant que Sue ne s’était pas reparfumée depuis un moment, et que son odeur de cadavre, habituellement soigneusement dissimulée, risquait de la trahir.
— Ce n’est pas joli d’espionner, dis-moi !
Elle sursauta violemment et se retourna. L’un de ses frères l’observait, de ses yeux écarlates, une moue goguenarde aux lèvres.
— Meeeerci ! roucoula la fillette en bondissant vers son frère. Qu’est-ce que tu fais là ? C’est maman qui t’envoie pour me faire rentrer ?
— Non. Elle sait que tu es bien trop têtue pour lui obéir. Je suis juste venu m’assurer que ma délicieuse petite sœur allait mal. Qui sont ces gens ? reprit-il en désignant du menton le couple qui s’éloignait.
— J’n’en sais rien. La fille m’a paru intéressante, alors je l’ai suivie. Je ne sais pas qui c’est.
— Tu n’as pas consulté le Codex ?
Sue fit la grimace.
— Pour gâcher le plaisir de la découverte ? Nan.
Merci, contempla sa sœur mi-agacée mi-amusée. Il matérialisa un gros paquet de guimauves, et le tendit à la fillette.
— Tiens, je te laisse t’amuser, mais veille au moins à te carier les dents deux fois par jour. Et tu sais que Mal s’inquiète toujours pour ta bonne santé, alors pense à t’anémier régulièrement.
La fillette soupira un « oui, oui » impatient.
— Tant qu’à les suivre, conclut Merci, tu devrais au moins aller leur parler. Tu n’aurais plus à te cacher comme ça.
La fillette ouvrit de grands yeux apeurés et se tassa sur elle-même. Au loin, elle vit l’homme et Anthéa se mettre en marche.
— J’aimerais bien… mais j’n’ose pas, lui glissa-t-elle avant de filer, toujours dans l’ombre, à leur poursuite.

***
Auteur de ce chapitre : Loove.

 ou 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire