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24 – Le duo invraisemblable

— Hmpf...
Que faire ?...
Le Professeur soupira, seul dans la ruelle à nouveau calme. Il venait de se faire rejeter par le groupe, et la force semblait ne pas être le moyen d’atteindre sa cible. Alors Que faire ?
Il était perdu dans ses réflexions lorsque quelqu’un lui adressa la parole.
— Joli chapeau.
Usher tourna la tête dans tous les sens à la recherche de la personne qui venait de lui parler, sans voir qui que ce soit.
— En haut !
Il leva la tête et constata, sans pouvoir retenir un hoquet de surprise, qu’un homme était assis sur le bord d’un toit, quelques mètres au-dessus de lui. L’inconnu sauta, et atterrit tranquillement sur le sol, alors que la chute qu’il venait de faire aurait sans aucun doute transformé n’importe quel humain lambda en bouillie difforme.
Ce fut la première chose qui permit au Professeur de se douter que ce qu’il avait en face de lui n’avait rien d’humain, si ce n’était un semblant d’apparence.
La deuxième chose étant son physique. Grand. Trop grand.
Et surtout maigre. Beaucoup trop maigre.
Il portait un habit étrange, entièrement rouge et noir, bouffant et virevoltant, qui lui donnait un air de bouffon. Usher sourit finement en voyant ce qu’il avait sur la tête. Un chapeau haut de forme.
Cette chose avait au moins le mérite d’avoir bon goût en matière de chapeau.
— Qui êtes-vous ? Vous avez assisté à tout ce qui s’est passé ?! lança-t-il dans l’espoir de savoir qui se tenait devant lui.
— Milory Camighan ! répondit l’autre en saluant avec une courbette étrange. Démon, faiseur de pactes, menteur et manipulateur, amateur de thé... ! Ah, et je collectionne les cafards à mes heures perdues...
Le Professeur cacha son désespoir. Sur quel fou était-il encore tombé... ?
— Vous n’avez pas répondu à ma deuxième question, Monsieur Camighan !
— J’en ai vu assez pour savoir que vous voulez le garçon, Monsieur Masque... et que vous ne savez pas comment l’atteindre... Mais, quelle chance, je peux vous aider...
— Précisez votre pensée.
— Je suis un démon, Monsieur Mas...
— Appelez-moi Professeur.
— Je suis un démon, Professeur... Un démon, ça sait faire beaucoup de choses.
— Et pourquoi vous m’aideriez ?
— Parce que j’ai été attiré ici pour la même raison que vous... et d’autres gens, aussi... La magie qui se dégage d’eux est tellement forte ! Et plutôt que de nous battre, accordons-nous sur nos désaccords. Vous voulez le garçon ? Très bien, Professeur, je vous le laisse !... et je rafle tous les autres...
— Comment... ?
— Les paaactes, Professeur... Les paaactes ! Mettons-les dans des situations atroces, d’où je les sortirai un à un grâce à un pacte... Faisons-les souffrir, utilisons leurs faiblesses... Sans que les autres le sachent, nous les mettrons chacun sous ma coupe. De la sorte, je prendrai leurs âmes... et vous accéderez à ce que vous voulez !
— Mh...
Usher réfléchit un moment avant de donner sa réponse. Évidemment, présenté comme ça, tout semblait s’agencer de façon intéressante, mais s’associer avec les démons n’avait jamais été très profitable à qui que ce soit.
— Allez, Professeur Siegfried Andrew Usher... insista Milory en apparaissant soudain juste derrière lui. Vous savez que vos autres alternatives sont si maigres...
Le Professeur tressaillit. Il n’avait donné son nom entier à personne depuis qu’il était ici. Ce démon semblait savoir beaucoup trop de choses pour qu’il en fasse son ennemi. Il se retourna et serra sa main glacée.
— Pourquoi pas ? Associons-nous le temps d’attraper ce que nous voulons, et ensuite je ne veux plus jamais entendre parler de vous, Milory.
— Ooooh, vous m’appelez déjà par mon prénooom ! s’écria le démon en mimant une joie ridiculement exagérée. Je suppose que ça veut dire qu’on est devenu intime tous les deux, Siegfried...
— Je préfère : Professeur.
— Si vous voulez !
Alors un bruit résonna dans la ville. C’était les cloches. Milory sourit.
— Eh bien eh bien, la concurrence est déjà en action ! Il est temps de bouger les pions de façon à prendre l’avantage, Professeur ! Et ainsi... Tout ce petit groupe...
Son sourire se transforma en un rictus cruel.
— Tous ces petits cafards... Je les ajouterai à ma collection...
Ainsi, le duo aux hauts-de-forme se mit en marche.

***
Auteur de ce chapitre : Trismis.

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