/*

65 – L’inselberg bis

— Rien ! La réponse est : “rien”, dit Sue.
— Non, cela ne fonctionne pas, aucune porte ne s’ouvre ! répond Adèle.
— Si, en néant, je m’y connais, insiste Sue.
RIEN n’est mieux que Dieu.
RIEN n’est pire que le diable.
Les pauvres n’ont RIEN.
Les riches n’ont besoin de RIEN.
Et si on ne mange RIEN, on meurt.
— Tu t’y connais peut-être, mais on ne voit toujours pas de porte, et d’ailleurs “rien” ne répond pas aux définitions. Toutes disent “c’est”, et tu réponds “n’est” ! objecte Roland.
— Elle a raison, s’écrie Tim. Mais l’énigme est en anglais. En anglais, “rien” se dit “Nothing” et comme la négation est dans le mot, on répond à : “c’est” par “est”, soit dans la langue de chat qu’expire à : “it’s” par “is”.
Nothing is greater than God.
Nothing is more evil than the Devil.
The poor have nothing.
The rich need nothing.
And if you eat nothing, you’ll die.
— C’est quoi “dans la langue de chat qu’expire”, c’est comme donner sa langue au chat ? s’enquiert Adèle, qui poursuit. Et même en anglais ça ne fonctionne pas, bien que tu l’aies prononcé sept fois, toujours pas de porte !
— Laisse tomber c’est… tente d’expliquer Tim, avant d’être interrompu par Ainu.
— Continuons cette logique, l’énigme est écrite en tengwar !
Elle approche du chêne. Sous l’inscription se trouve une zone où l’écorce est étrangement lisse, du doigt, elle y trace :
6h3`s.
Alors que le mot s’efface, à la limite de la prairie et du sable, un carré de deux toises de haut comme de large brasille, c’est la porte ! Enbarr, Tinuviel et Blue bondissent au travers, Adèle, Tim, Roland, Anthéa, Sue et Ainu, traversent.
***
Enbarr, Tinuviel, et Blue terminent leur saut dans une nouvelle prairie, Adèle, Tim, Roland, Anthéa, Sue et Ainu, suivent.
— Ça n’a pas fonctionné… Nous sommes toujours dans la crique aux noyés ! s’exclame Adèle.
À cet instant Trique et Traque descendent du noyer, Trique courant après Traque.
Gibier !
Anthéa pose la main sur Blue pour l’immobiliser.
Gibier !
Non Blue plus tard !
— Tiens le voyeur ! s’écrient les deux écureuils en passant devant Roland.
— Ça a fonctionné ! Regardez, il y a de légères différences, l’eau est de l’eau douce, il y a une sente qui court le long du canyon. Je connais cet endroit, nous sommes au pays de Fantasy, dit-il pendant que le souvenir d’Amaelle (1) l’émeut.
— Nous sommes dans la crique aux loups, Blue !
— Nous avons un message pour vous dit Trique.
— Si le Loup ne nous mange pas ajoute Traque.
— La prochaine porte est là-haut, dans le monde perdu de sir Arthur Conan Doyle ! terminent-ils en cœur.
Ils repartent dans le noyer, Trique poursuivant toujours Traque.
Le Ka-tet est consterné. Roland réfléchit à haute voix.
— Ryana vient régulièrement à Bannières, si nous avons de la chance elle peut en plusieurs voyages nous déposer là-haut, mais il faut diviser le ka-tet, Enbarr et Tinuviel harnachés et encordés pourraient éventuellement être portés, mais jamais Blue n’acceptera.
— J’ai une solution, intervient Timothée.
— Nous t’écoutons.
— Vous vous souvenez de la machine du gang des chapeaux, le dirigeable, c’est un ballon. Il existe une autre sorte de ballon, appelée dans mon monde montgolfière. Pouvons-nous trouver, dans cette ville de Bannières, du rotin ou de l’osier, des cordages et de la soie, le tout en très grande quantité ?
— Je ne connais pas bien la ville, mais hormis la soie les autres matériaux sont ici extrêmement courants. Continue !
— Nous allons fabriquer trois nacelles. Deux très grandes, chacune pouvant contenir Enbarr ou Tinuviel ainsi que deux d’entre nous. La troisième plus petite pour Blue et les deux derniers d’entre nous. Avec la soie nous allons fabriquer trois immenses enveloppes de la forme d’une poire renversée dont on aurait coupé un petit morceau côté queue pour que l’air puisse y entrer, puis avec les cordages nous lierons les enveloppes aux nacelles. Ensuite, avec nos talents combinés, ces montgolfières non hisseront jusqu’au monde perdu.
Le ka-tet se rend à Bannières. Roland se rend à la taverne de Saint George, un établissement dont l’enseigne de bois représente un chevalier terrassant un dragon, Ryana n’y est pas, et il y a bien longtemps que l’on ne l’y a vue lui apprend le tavernier. Roland soupire : dommage !
Le Ka ayant décidé de leur être favorable, une caravane de soyeux est justement de passage à bannières, Ainu y laisse quelques pièces d’or et Roland deux pierres, mais le ka-tet repart de bannières avec tout ce dont ils ont besoin, Enbarr et Tinuviel transformés en animaux de bât ouvrent la marche tandis que Blue ayant échappé au traîneau la ferme essayant de se faire oublier.
En une demi-journée les nacelles sont faites, mais il faut trois jours pour confectionner les trois enveloppes. Tim trace sur les coupons de soie, Sue et Anthéa coupent, Adèle et Roland assemblent, Ainu colle par magie. Une dernière demi-journée pour introduire les enveloppes dans les filets de cordages attachés aux nacelles.
Enbarr, Anthéa et Adèle prennent place dans la première nacelle, Roland et Tim relèvent et verrouillent le panneau mobile, Ainu allume un feu magique, puis aide Timothée à maintenir ouverte la base de l’enveloppe, Roland joue de l’oo’lu pour pousser l’air chaud dans l’enveloppe.
Dès qu’elle est suffisamment gonflée, Tinuviel et sue montent dans la seconde nacelle, Ainu et Tim relèvent et verrouillent le panneau mobile puis maintiennent ouverte la base de l’enveloppe, Roland répartit maintenant l’air chaud entre les deux enveloppes.
Dès que la seconde enveloppe est suffisamment gonflée Blue pénètre dans la troisième nacelle, Ainu et Tim relèvent et verrouillent le panneau mobile, puis maintiennent ouverte la base de l’enveloppe, Roland répartit maintenant l’air chaud entre les trois enveloppes.
Dès que la dernière enveloppe est suffisamment gonflée, Ainu enjambe la nacelle pour rejoindre Sue et Tinuviel, Roland et Tim enjambent la dernière pour rejoindre Blue. Tim provoque un courant ascendant, les trois montgolfières s’élèvent lentement.
Ces montgolfières rudimentaires montent les trois cents toises le long des parois abruptes, à la vitesse ascensionnelle de deux coudées par seconde. Onze minutes plus tard, trente toises au-dessus du niveau du monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle, Tim provoque un vent latéral les amenant en deux minutes à la verticale du monde perdu, Tim fait signe à Adèle et à Ainu de l’imiter en ouvrant doucement une soupape, les trois montgolfières descendent et se posent, plus ou moins en douceur, sur le monde perdu.
Le Ka continue à leur être favorable, ils n’auront pas à franchir le canyon, à moins de deux lieues un dolmen attire leur attention, Roland sent la vibration de la porte, et aucun des prédateurs du monde perdu (ptérodactyles, tricératops, tyrannosaures…) n’est visible, la magie du dolmen les tient éloignés. Une demi-heure plus tard, le ka-tet est devant le dolmen, sur la pierre verticale à leur dextre des runes celtiques forment un message.
Ar an mbord beag eibhir ar thaobh na láimhe deise,
gheobhaidh tú sé mhaide, gach pailme ar fhad.
Más féidir leat ceithre thriantán comhshleasach a fhoirmiú
leis na bataí seo, osclófar an doras duit.
Ach mura bhfuil tú dlisteanach.
Ná téigh isteach,
mar níl aon dul ar ais.
Anthéa lit :
Ar an mbord beag eibhir ar thaobh na láimhe deise,
gheobhaidh tú sé mhaide, gach pailme ar fhad.
Más féidir leat ceithre thriantán comhshleasach a fhoirmiú
leis na bataí seo, osclófar an doras duit.
Ach mura bhfuil tú dlisteanach.
Ná téigh isteach,
mar níl aon dul ar ais.
— Ce qui signifie :
Sur la petite table en granit à votre dextre,
vous trouverez six bâtons, longs d’une paume chacun.
Si vous pouvez former quatre triangles équilatéraux
avec ces bâtons, la porte s’ouvrira pour vous.
Mais à moins que vous ne soyez légitime.
N'entrez pas,
car il n’y a pas de retour possible.

***
Notes :
(1) Amaelle Loubière de Jolimont ➢ Personnage créé par Urusezel. Amaelle a participé avec Roland à La Quête de ThiSBeth (œuvre collective écrite lors de la première session du mooc Fantasy, de l'Angleterre victorienne au Trône de fer).
Tengwar de Beleriand ➢ lettres inventée par J. R. R. Tolkien. ➢ Police Tengwar Annatar par Johan Winge, © 2004.
Runes celtiques ➢ la police “standardcelticrune” par Imogen Hilary McEwen, imogenyarda@gmail.com.

***
Auteur de ce chapitre : scifan.

 ou 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire