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57 – Dans le camp

Anthéa est sortie de la tente, mais reste visible par l’ouverture. Sue et Anfauglith discutent à bâtons rompus pendant que Tim et Adèle finissent de manger. Aran, Roland et Ainu se sont assis sur des fauteuils et parlent à voix basse. Le regard d’Aran s’attarde sur la jeune fille qui s’est assise contre un arbre, au milieu de l’agitation du camp. Le loup aux yeux bleus se rapproche d’elle. Roland se lève et prend son oo’lu, Anfauglith et Aran se regardent.
— Anfauglith… Tu sens…
— Le loup…
L’ombre a fait deux pas vers la porte. À ce moment, Enbarr s’approche d’Anthéa, se cabre et broie le crâne de l’animal qui s’écroule. Le prince et le gwath se précipitent vers le petit tas de cendre, ce qui reste du loup, pendant que Roland rassure Anthéa. On entend hurler un loup. Anthéa après un dernier échange se dirige vers la forêt en bordure de camp.
— Un démon…
Aran regarde autour de lui.
— Préviens immédiatement les gwaths et les mages !
Roland s’approche d’eux. Aran a l’air inquiet. Le prince montre la cendre qu’il émiette dans sa main.
— C’est un démon. Un puissant. Anfauglith ne l’a détecté qu’au dernier moment. Heureusement que votre cheval était là.
Anfauglith tend la main vers la fille qui s’éloigne en compagnie d’Enbarr et d’Adèle.
— Il semble en avoir après Anthéa. C’est un démon puissant.
Tim se rapproche, il semble hésiter un moment puis lance d’une traite :
— Pouvez-vous faire quelque chose pour se protéger ? Est-ce qu’il ne risque pas de revenir et de tuer tout le monde pour parvenir à ses fins ?
Aran a un sourire rapide.
— Quelque chose comme “plus personne ici, tout le monde là-bas” ? Non ! Cela n’est pas possible.
— Qu’est-ce qui l’en empêche ?
— Tout le monde a un maître même lui. Le rôle des maîtres est de préserver l’équilibre. Un tel massacre provoquerait un déséquilibre trop important. Les démons ont des occupations qui leur sont propres, et en règle générale ils ignorent superbement ce qui les entoure. Celui-ci a pénétré dans un camp où plusieurs milliers de soldats elfes sont rassemblés. Il veut Anthéa, c’est tout.
— Comment s’en défendre
— Ils utilisent des formes diverses, mais ne peuvent pas se transformer en quelque chose d’indestructible. Tout pouvoir a une limite, même les grands dragons ne peuvent pas cracher le feu en continu de façon indéfinie. On peut toujours détruire leurs enveloppes si on les détecte à temps. Mon ami, pendant la suite de votre voyage il faudra être sur vos gardes. Il essaiera à nouveau de prendre la petite, par la ruse, et sans elle, les portes de l’île resteront fermées. Pour cette nuit, les ombres empêcheront toute tentative par la force. L’armée partira demain matin, et nous serons en place au large de l’île dans quelques jours.
Pendant cette conversation, Ainu et Sue se sont rapprochées des dragons.
— Ils sont beaux. On peut les caresser.
Ainu rit :
— Leur peau est très robuste. Mais regarde.
Elle tend la main vers le jeune Sindaril, qui tend le cou vers elle sans se lever, et vient poser sa tête juste devant la princesse qui lui décoche plusieurs énormes claques.
— Ça les caresse… Vas-y, tape sur son cou… Mais attention, leur peau peut faire mal tellement elle est rugueuse.
Sue s’approche et tape plusieurs fois de toutes ses forces sur le cou du dragon. Elle s’entaille largement une main et éclate de rire. Le dragon pousse un petit souffle brûlant qui lui cuit un morceau de son autre main. Sue est aux anges.
— Allez, viens, on va visiter le camp
Sue suit Ainu. Ils traversent les tentes de la garde princière. Les elfes ont des armures intégrales en peau de dragon, et sont équipés de katanas et de lances.
— Ça fait beaucoup de cuir de dragon. Vous en tuez pour en avoir.
Ainu a l’air choquée.
— Tuer des dragons ?… Non… Ce sont des lézards, ils muent une fois par an. C’est leurs mues que l’on tanne pour faire nos armures. Elles sont très légères, et beaucoup plus solides que l’acier.
Elles continuent à travers le camp, où tous les corps d’armée sont représentés. La légion, bien sûr, et Sue voie deux manipules s’entraîner. Les deux formations avancent côte à côte, et à intervalles semblant totalement aléatoires, des murs de lances dont la pointe ressemble à une faux en sortent. L’espace entre les deux formations se transforme en mur de lames.
— C’est la déchiqueteuse, la formation de base de combat de la légion. Les lances s’appellent des naginata. Les manipules restent protégés sous leurs boucliers.
Sue a les yeux écarquillés. Ensuite, elles arrivent vers les neltas. Sue remarque que tous ont sur l’épaule droite un pompon de laine blanche, plus ou moins épais. Elle regarde Ainu qui a le même. La princesse devine la question qui va fuser.
— Ceci représente la force des neltas. Un nelta peut être de 60, 120, 180, ou 240 soldats. Tous les neltas ont la même valeur au combat. Moins un guerrier a de fil au pompon, plus il est puissant. 6 fils 12 fils, 18 fils, 24 fils. Un nelta de 60 représente la même puissance qu’un nelta de 240.
— Et comment vous mesurez la puissance ?
— En NOTH… Nombre d’Orcs Tués à l’Heure
Les filles continuent et croisent un groupe de nains.
— C’est quoi la différence entre la phalange des nains et les manipules des elfes ?
— Les nains combattent sur une seule longue ligne, avec de longues lances. Ça fait une sorte de gros porc-épic infranchissable.
— Du coup, ils sont vulnérables sur l’arrière.
— Il n’y a pas de troupe invulnérable. Dans un combat, les neltas sont là pour protéger l’arrière des phalanges et pour soutenir les manipules qui s’effondrent.
— Et les dragons ?
— Les dragons ont en charge la destruction de l’artillerie. Et il y a encore d’autres troupes spécialisées qui ne sont pas dans ce camp. Une bataille bien menée implique l’utilisation de toutes ces troupes à leur juste place et au bon moment.
— Ça a l’air beau… j’aimerai bien voir l’armée en action
— Si on parvient à passer le portail et à libérer l’île, ça pourrait bien arriver.
Quand elles reviennent vers la tente du prince, le soir s’avance.

***
Auteur de ce chapitre : Sangdragon.

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