/*

58 – Les alliés

Anthéa reste contre Blue un instant. Son esprit est en ébullition. Ce loup – son loup ? – lui a ouvert les yeux sur une aide à laquelle elle n’avait pas pensé. Merci Blue. Je ne sais comment, mais c’est grâce à toi.
Blue la fixe. Il a l’œil vif, intelligent. Elle ne sait comment l’expliquer, mais ce loup compte pour elle, pour ce qu’elle a décidé de faire, dans la guerre à venir. Elle lui raconte tout doucement, murmurant à son oreille, les mains enfoncées dans sa fourrure, le caressant tendrement. Dans son récit, les larmes coulent de ses yeux et mouillent le cou de Blue. Il gémit doucement comme pour la réconforter.
Quelques pas plus loin, Adèle et Enbarr assistent à cet échange émouvant, mais ne peuvent entendre ce qu’Anthéa dit.
Finalement, Anthéa se redresse et regarde Blue. Elle tente d’essuyer son visage maladroitement. Blue lèche la dernière larme à couler sur sa joue.
— Blue, j’ai besoin de toi. Je ne te demande pas de venir vivre et marcher à nos côtés... Juste d’être là, non loin. Viendras-tu ?
Blue ne la quitte pas des yeux. Anthéa, ma lumineuse... Je serai là quand tu en auras besoin.
Anthéa sourit, caresse une dernière fois Blue et se relève. À bientôt, mon ami.
Elle retourne auprès d’Adèle et d’Enbarr.
— Hâtons-nous. Nous avons encore quelques points à discuter avant de reprendre la route.
Ils partent tous trois, laissant Blue dans la forêt. La nuit tombe de plus en plus vite maintenant. Alors qu’ils sont presque arrivés au camp des elfes, ils entendent le hurlement de Blue qui semble les saluer.
Roland s’avance vers eux comme si ce hurlement l’avait prévenu de leur retour. Il remarque le sérieux d’Anthéa et interroge Adèle du regard. Cette dernière hausse les épaules dans un aveu d’ignorance et répond :
— Tout va bien.
Ils suivent donc Anthéa qui se dirige, décidée, vers la tente d’Aran. Celle-ci est encore ouverte, Aran est penché sur ses cartes en compagnie d’Anfauglith. Ce dernier se tourne immédiatement vers la jeune fille. Aran en fait autant étonné de la voir revenir.
— Monseigneur, il faut que nous parlions. Je ne prétends pas connaître les choses de la guerre, du combat ou de la tactique. Mais il s’agit de mon île, de mes parents, de mon peuple. Personne ne décidera d’un assaut, d’un massacre ou de quoi que ce soit sans que j’en aie été informée.
— Cette requête me semble tout à fait recevable, ma chère. Et je n’ai jamais compté faire quoi que ce soit sans vous, déjà parce que cela me serait impossible, il vous faut nous ouvrir les accès scellés par la magie de la cité, mais aussi parce que Liam et Eileen ne me le pardonneraient pas... Il vous faudra pour autant me faire confiance sur certains aspects que vous ne maîtrisez pas. Mais ce n’est pas l’objet de votre visite, n’est-ce pas ?
— Non effectivement. Outre le fait que les hommes en haut de forme sont ceux qui nous ont envoyé le faux loup et sont non loin dans les bois, je voulais revoir les effectifs sur lesquels vous comptez pour mener l’assaut d’Alastyn. Il vous manque, je pense, un aspect des choses assez important.
Anfauglith semble amusé et intervient dans la conversation.
— Vraiment ? et lequel ? petite fille !
Adèle qui était restée non loin d’Anthéa, trésaille à ces mots
— Il se prend pour qui le nébuleux ? Qui vous permet de lui parler ainsi ? Ce n’est pas parce que c’est une femme, jeune de surcroît qu’elle n’a pas des choses intelligentes à dire !
Roland pose une main tranquille sur l’épaule d’Adèle qui sursaute.
— Allons du calme. Ce n’est pas ce que notre ami a voulu dire... Il est juste impatient de savoir ce qu’il ne sait pas. N’est-ce pas ?
Anfauglith jette un œil vers Aran dont le regard noir est sans appel avant de répondre :
—  Évidemment. Mes excuses.
Adèle dégage son épaule et s’écarte un peu, la mâchoire un peu crispée.
— Dis-nous, Anthéa, à quoi penses-tu ?
— Non Aran. Montrez-moi d’abord comment vous disposez vos troupes pour l’assaut. S’il vous plaît.
Aran lui montre la carte, désignant Alastyn puis les différentes troupes. Anthéa est très attentive. Elle pose le doigt sur Alastyn et en suit le contour. Roland se racle doucement la gorge pour la sortir de ses pensées.
Désignant deux légions, elle s’explique :
— Je n’y connais rien, mais il me semble que ces légions-ci sont très isolées et vulnérables.
— Oui, c’est vrai. Mais il nous faut couvrir une grande zone pour être sûrs d’encercler totalement l’ennemi. Elles apportent un appui à nos flottes.
— Certes. Mais vos flottes n’auront pas besoin de leur appui. Alastyn dispose d’une garde rapprochée de choix... Nous demanderons au peuple marin de soutenir vos flottes.
Face aux regards interloqués de ses compagnons, Anthéa explique que le peuple marin est un ami d’Alastyn depuis toujours et en assure la sécurité maritime. Elle rappelle que Phorcos, seigneur du peuple sous-marin, est un ami de ses parents et qu’il devrait accorder son aide sans trop de difficultés.
Aran s’enthousiasme immédiatement.
— Ça change tout !
Il se replonge dans sa carte et revoit la tactique avec Anfauglith. Absorbés par la planification, ils ne voient pas Anthéa quitter la tente.
— Tu devrais dormir, Anthéa.
— J’y vais. Il me semble que cette journée n’en finit plus. Bonne nuit Roland.
— Bonne nuit Anthéa.
Anthéa se dirige vers la tente qui lui a été désignée. Elle se couche et s’endort immédiatement. Ses rêves la portent vers Alastyn, lui montrent le chemin à suivre, le portail que ses compagnons devront passer... et une silhouette noire, effrayante, dangereuse. Un rire macabre arrive jusqu’à elle. Viens m’ouvrir la voie, mon enfant... Viens, je t’attends...

***
Auteur de ce chapitre : Nathdse.

 ou 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire