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47 – Le rêve d Ainu

Ainu s’endort très vite. Son sommeil devient agité. Une mer brumeuse est couverte de plusieurs centaines de frégates elfes, fines et rapides, avec deux mâts et des voiles blanches triangulaires. Sur le navire en tête de la flotte, un grand mage est en conversation avec les capitaines elfes.
— La réussite du projet dépend de la rapidité de vos troupes. Dépêchez-vous, l’assaut est commencé.
Un Elfe sans âge aux cheveux étonnamment courts et noirs est assis au bout d’une table. Son air sévère et les regards furtifs que lui lancent les autres capitaines présents le désignent comme le chef de l’expédition.
— Les légions feront leur part du travail, il lance un regard vers le mage. Mais les nouvelles que vous apportez sont tardives. Si nous arrivons trop tard, les pertes risquent d’être énormes. Les légions peuvent se trouver prises au piège. Liam et Eileen sont amis et protecteurs des Elfes, mais beaucoup de magie est à l’œuvre sur leur île. Et nous avons eu à peine le temps de rassembler quatre légions.
L’île surgit de la brume. Partout, sur les frégates, les hommes se préparent. Les échanges d’informations par manipulation de drapeaux vont bon train à travers la flotte. Un orage semble envelopper l’île. Un jeune officier finit d’échanger des signaux avec les autres bateaux, et lance vers le commandant.
— Prince Sangdragon, les troupes sont prêtes.
Dans son rêve, Ainu s’agite.
— Faites débarquer les légions et rendez-vous, le plus rapidement possible, vers le palais. Les légions vont être seules. Vous connaissez les consignes, il s’adresse au capitaine du bateau. Vous connaissez notre mission, cap vers le pied du château, côté mer.
Le bateau s’éloigne de la flotte qui se précipite vers la côte. Le prince regarde avec inquiétude, les bateaux qui se jettent sur le sable et débarquent des milliers d’Elfes qui se forment immédiatement en manipules et s’assemblent en une grande armée qui, à peine formée, commence à se diriger vers l’orage qui enferme le palais d’Alastyn.
Aran Sangdragon va se placer à la proue de la frégate isolée, qui s’approche de la falaise au pied du palais assiégé. Il lève le bras. Au bout d’un moment, un hurlement emplit le ciel. Un gigantesque dragon rouge sang descend vers le bateau. Il ressemble à un grand lézard ailé, avec un corps de dix toises de long, un cou de trois toises, et une longue queue de cinq toises terminée par une boule de pointes. Il vole à côté du bateau, et tend son cou vers l’Elfe qui saute adroitement sur la selle sanglée à la base de son cou. Il passe ses cuisses dans les anneaux de vols, et se cale les pieds dans les anneaux bas. Il n’y a pas de rênes. Il dirige le grand dragon par symbiose mentale.
“Ami Sindaril, je suis avec toi.”
La réponse est immédiate.
“Ami Aràn, je suis avec toi.”
Le dragon s’élance vers le ciel. D’en haut, la scène qui se déroule sur l’île est dantesque. Les troupes de défense du château ont visiblement été surprises par une attaque menée par plusieurs milliers d’Orcs, soutenus par une puissante magie dévastatrice. Les murs extérieurs sont tombés. L’armée elfe de secours taille des trouées sanglantes dans les rangs désorganisés des Orcs. Malgré leur magnifique travail de massacre, les manipules ne progressent pas. Les éléments se déchaînent sur les Elfes, qui semblent même marquer le pas.
Aràn ne perd pas de temps et fonce jusqu’aux dômes blancs du château. Sur une terrasse, en haut du château, un couple paniqué regarde le champ de bataille. Le prince elfe se pose juste à côté d’eux.
— Prince Sangdragon… Nos messagers sont arrivés trop tard.
Le prince saute à bas du dragon qui pousse un hurlement sauvage.
— Les légions sont là !
— Il est trop tard pour l’île, renvoyez vos légions avant qu’elles ne soient massacrées. Mon ami, vous pouvez encore nous aider, Liam se tourne vers sa femme, qui porte un enfant effrayé. Sauvez notre fille, emmenez-la à l’abri.
Aran prend la mesure de la situation.
— Je l’emmènerai jusqu’à Lempëa, elle sera élevée en sécurité, parmi nos jeunes enfants.
— Non, il ne faut pas qu’elle quitte ce monde. Conduisez-la chez un couple de paysans qui vit dans une chaumière isolée à cinq lieues au sud-est d’Erestia. Ils sont préparés à cette éventualité, et sauront quoi faire.
— Mais comment votre fille va vivre cet évènement ?
Liam se penche vers le visage effrayé de l’enfant. Il a un geste au-dessus de sa tête. Eileen tend Anthéa qui semble être endormie au grand Elfe.
— Vite !
De grandes volutes de fumée s’élèvent de la ville en contrebas. Des clameurs de victoire parviennent jusqu’à la terrasse. Aran prend l’enfant dans ses bras. Le dragon tend son cou et l’Elfe se réinstalle. Sous les regards en larmes de Liam et Eileen, le dragon s’élève rapidement.
Ainu se démène dans son sommeil, revivant l’histoire que lui a racontée son grand-père avant qu’elle parte pour son long voyage.
— Une partie des légions n’a pas pu regagner les bateaux, et est encore prisonnière de l’île.
Ainu se retourne en gémissant. Soudain, une image se forme en surimpression dans son esprit. Deux yeux bleus regardent les chevaux. Instantanément, elle est réveillée.
Ami loup ? Elle envoie une image d’avertissement, une lame qui vole, faisant un rempart mortel autour des chevaux. Elle attend sans bouger, consciente que le loup a reçu son message, et a identifié une Elfe dans le groupe qu’il surveille.

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Auteur de ce chapitre : Sangdragon.

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