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54 – Les forces se mettent en place

Ainu se redresse blême, et se tourne vers le ka-tet.
— Venez, quelqu’un nous attend. L’attaque contre nos forces a commencé.
Dans le sous-bois, le loup continue à lire ses pensées. Ainu hausse les épaules, elle aussi est connectée sur l’esprit de l’animal.
Les elfes ont terminé le bûcher et l’ont enflammé. Une fumée noire et une odeur âcre envahissent l’atmosphère. Le nelta se met en ordre de marche, une colonne principale flanquée d’éclaireurs, derrière la princesse.
— Roland, nous devons aller vite, tu montes à cheval ?
Roland accepte et monte Ulysse, Tim est resté sur Hardi. Il se tortille un peu, j’espère qu’on ne fera pas de trot.
Anthéa monte Enbarr, et Adèle est sur Star. Ainu saute en selle et installe Sue devant elle. La troupe se met en route au galop soutenu.
Au bout d’une heure, ils ont parcouru un peu moins de cinq lieues. Les licornes du nelta semblent encore fraîches, mais les chevaux du groupe se rapprochent de l’épuisement. Ainu ralentit brusquement au sommet d’une colline.
Devant eux, une grande plaine s’étale, couverte d’un campement. Dans le ciel, une dizaine de grands dragons volent. La troupe rentre dans le camp. Tout autour, des sentinelles veillent, des tours sont dressées, avec des gardiens au sommet. Roland et Anthéa sentent la magie faire vibrer l’air.
Ainu emmène le groupe vers une tente blanche dressée au milieu du camp. Le nelta se sépare et les elfes rejoignent leur bivouac. Deux dragons harnachés sont à côté de la tente, le grand est quatre fois plus gros que le petit.
Sue s’exclame.
— C’est Sindaril. Comment s’appelle le gros ?
Ainu répond.
— Sindaril, c’est le père du mien.
Roland comprend où était parti le jeune Sindaril. Ils descendent de leurs montures à quelques toises de la tente. La princesse les attend à peine, et se rue à l’intérieur.
Là, deux personnages les attendent : un grand elfe aux cheveux noirs et courts, à l’air sévère, et un autre personnage recouvert d’une cape noire, dont on ne voit pas le visage. Ils regardent une carte dépliée sur la table. Ainu est radieuse.
— C’est mon papi.
Roland s’avance et s’incline brièvement.
— Prince Sangdragon.
Adèle avance prudemment. Un plateau de victuailles dans un coin attire son attention. Anthéa semble extrêmement inquiète de voir le deuxième personnage. Elle tente d’utiliser la voix.
— Montrez votre visage !!!
Un rire caverneux lui répond. L’être se tourne face à elle, lève les mains et rabat sa capuche. Le visage qui apparaît est mouvant, et semble composé en partie d’ombre.
— Puisque tu le demandes…
Ainu le présente.
— C’est mon tonton Anfauglith. La magie ne sert à rien en sa présence, c’est un “gwath”, une ombre si vous préférez. Ma tatie s’occupe de la plus grande bibliothèque de l’empire. Ce qu’il y a dedans te plairait, Roland.
Roland se montre intéressé.
Une ombre… un être à cheval entre deux mondes, inaccessible d’aucun des deux côtés, un véritable aspirateur à magie. J’ai lu de choses sur eux, mais je ne pensais pas qu’il en existait encore.
Aran Sangdragon s’adresse au groupe en montrant la table.
— La nourriture est pour vous. Des évènements graves sont arrivés il y a peu.
Il se dirige lui-même vers la table et prend un fruit. Le groupe s’avance, à part Sue qui est fascinée par Anfauglith et se rapproche de lui. Adèle se met à manger tout ce qu’elle peut attraper. Les autres membres du groupe commencent à casse-croûter.
— Des mages noirs ont tenté d’attaquer les navires. Ils sont parvenus à en couler une partie. Heureusement, les légions avaient débarqué, et les mages et les ombres ont bien fait leur travail. Les mages noirs ont fui et sont persuadés d’avoir détruit toute la flotte. À cette heure, les légions finissent d’aider les habitants à maîtriser les incendies en ville.
Roland s’inquiète.
— Vous avez subi des pertes ?
Aran hausse les épaules, et a le même geste vers le ciel qu’Ainu dans la cour de l’auberge.
— Mille de moins ici, mille de plus là-bas… Cela montre juste que le temps presse. Roland, le ka-tet doit rouvrir l’accès à l’île. Nous pensons que maintenant, en plus des mages-renégats, il y a une grosse armée sur l’île, des animaux maudits, comme les sourges, et en plus des Orcs en grand nombre. Si vous arrivez à rétablir les accès, vous n’aurez pas de trop de nos troupes pour reprendre le contrôle de l’île.
— Combien d’elfes de la légion sont prisonniers sur l’île ?
— Entre six et huit mille, je pense, mais certains ne sont peut-être pas prisonniers, ils ont pu se cacher sur l’île et peut-être que Liam et Eileen ont pu en secourir certains.
— Et vos troupes se montent à combien ?
— 12 légions de 12 000 hommes, 12 000 neltas, 2 phalanges de 10 000 nains, 40 dragons, et une légion d’archers des forêts.
— Nous devons rejoindre le portail. Ça va prendre du temps.
— Les dragons peuvent vous amener jusqu’à l’île du portail si vous voulez, mais ils ne pourront que vous laisser sur la côte. Les dragons sont très bien protégés contre la magie et quasiment indestructibles, mais une sorte de tempête empêche le survol du portail. Si vous préférez, une frégate anonyme peut aller vous débarquer. Vous ne trouverez plus aucun autre navire sur la côte suite à l’attaque des mages. Quant à nous, nous ferons voile vers Alastyn, et attendrons de pouvoir débarquer.
— Et si les mages vous repèrent.
— Les gwaths nous placeront dans un espace hors d’atteinte.

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Auteur de ce chapitre : Sangdragon.

 ou 

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