/*

18 – La passion du combat

Usher était peut-être pressé, il n’en était pas moins intelligent, et se jeter sur cette fille n’était peut-être pas la meilleure idée pour attraper ce garçon une bonne fois pour toutes. Alors qu’il allait calmer le jeu, la guerrière folle se jeta sur lui, sûrement dans l’idée de le trancher en deux d’un coup d’épée ou de poignard. Il soupira, en se préparant à parer. Quelle idiote… Se pouvait-il vraiment qu’elle croie avoir la moindre chance contre lui ? Il arrêta les premiers assauts qui le visaient, sans vraiment de difficulté, et essaya de rendre les coups, bien que la fille était quand même assez forte pour l’éviter en retour. Ils jouèrent ainsi un moment, la mercenaire essayant de lui faire le plus mal possible, alors que le Professeur sautait dans tous les sens en laissant sa cape voler au rythme de ses esquives, comme dans une danse effrénée.
— Ravi de vous rencontrer, Madame de la Tour Sombre, mais ma chair ne se sentira prête à être entaillée que lorsque j’aurais atteint mon but, articula-t-il avec un air sarcastique, haletant, alors que leurs lames venaient de s’entrechoquer à nouveau.
— Mais tu vas crever, oui ?! grogna Adèle alors qu’une goutte de sueur commençait à perler sur sa tempe.
Les deux combattants auraient au moins pu être d’accord là-dessus : leur niveau était presque équivalent. Presque.
— Eh bien… Eh bien… dit-il pendant une courte trêve où ils se tournaient autour, prêt à se sauter dessus de nouveau. Je constate que vous n’êtes pas trop mauvaise… Vous êtes quoi, un genre de guerrière ?
— Mais tu te crois où à discuter comme ça ?! cria son adversaire, enchaînant néanmoins avec la réponse. Je suis mercenaire !
— Ah… Je vois… Vous faites ça pour l’argent, Adèle ? interrogea-t-il, avec l’espoir qu’appeler l’imbécile par son nom lui permettrait de se rapprocher de l’issue du combat qu’il souhaitait.
En entendant cette question, Adèle se jeta à nouveau sur lui, et lame contre lame, alors que l’étrange homme capé restait impassible, elle lança avec rage.
— L’argent ?! Ah ! Laisse-moi rire, le saltimbanque ! Si je faisais ça pour l’argent, je serais déjà installée dans un palais bien loin d’ici, à me payer autant de bouffe que je veux !
Le Professeur Siegfried A. Usher haussa un sourcil derrière son masque. De toute évidence, cette fille était encore plus bête que ce qu’il avait cru.
— Je n’ai pas besoin d’argent pour vivre… L’argent, ça permet de survivre, voilà tout ! poursuivait Adèle, folle de rage, pendant que le combat devenait de plus en plus violent. Regardez-vous, avec votre joli chapeau et vos habits hors de prix ! Est-ce que vous vous êtes une seule fois déjà senti vivant ? Non, hein ! Je vais vous dire pourquoi… Parce que le seul moment où vous vous sentirez vivant dans votre vie, c’est étalé dans la boue…
Elle donna un coup d’épée tellement puissant que le Professeur en fut déstabilisé.
— effondré, face à votre ennemi…
Un autre coup. Usher vacillait.
— avec une côte brisée et le goût du sang dans la bouche !
Elle lui donna un dernier coup qui projeta la canne-épée de l’homme un peu plus loin, puis pointa sa dague contre sa gorge.
— Là seulement, tu pourras te sentir vivant, le troubadour !
Le Professeur déglutit. Il semblerait que les beaux discours de la combattante l’aient déconcentré… Il esquissa un sourire, et d’un geste de la main, fit sortir du sol des chaînes d’or qui s’entremêlèrent autour d’Adèle et la plaquèrent violemment au sol. Celle-ci tenta de se débattre, mais l’étreinte magique se resserrait un peu plus chaque fois qu’elle bougeait.
Il se pencha vers l’oreille de sa victime et susurra :
— J’espère que vous vous sentez vivante maintenant… Adèle de la Tour Noire…
Mais en se relevant et en ramassant sa canne-épée, il constata que les amis de la fille étaient toujours là, et qu’ils s’apprêtaient à agir. Il défit les chaînes et rengaina son arme. Ce n’était pas par la violence qu’il réussirait à atteindre le garçon…
— Excusez-moi si je vous ai paru agressif… Je voulais juste savoir si ce garçon était celui que je cherchais, car on m’a confié en secret la protection d’un jeune homme similaire, et je serais vraiment déçu de devoir le laisser dans votre groupe… mentit-il avec un sourire forcé. Je voulais juste venir avec vous… si vous me le permettez…
Roland, plus que dubitatif, laissant le vaincu à la garde de celle qui l’avait terrassé, invita les autres à une palabre légèrement à l’écart. Le Ka devait être d’humeur farceuse pour lui faire subir tout ça…
Pendant que le groupe murmurait sur ce qu’il adviendrait de lui, Usher jubilait. S’il réussissait à s’immiscer dans leur groupe, alors il pourrait mettre la main sur le garçon, mais en plus il avait l’admirable intuition qu’il aurait d’autres choses particulièrement intéressantes à découvrir…

***
Auteur de ce chapitre : Trismis.

 ou 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire