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26 – Vogue le cogge

Roland réfléchit intensément.
— Nous sommes en grand danger, plusieurs forces maléfiques convergent vers nous, déclare Sue.
— Nous devons absolument quitter cette ville immédiatement, nous sommes dans un port, profitons-en ! affirme Roland.
— Les cibles de ces forces sont Anthéa et Tim précise Sue.
— Logique… Ce sont les plus visibles, ajoute Adèle.
— Pas sûr, dit Ainu.
— Comment ? Pas sûr ? s’exclament les autres.
— Pas sûr qu’ils soient les plus visibles.
— Bon de toute façon c’est eux que les autres veulent… Alors Anthéa tu sautes sur le dos d’Enbarr, tu prends Tim derrière toi et tu galopes au large ! Nous nous procurons un navire et vous rejoignons.
Tous regardent Roland en ouvrant de grands yeux, sauf Enbarr qui opine en hennissant.
Des cloches se mettent à sonner dans la ville.
— Allez hop ! Exécution, grommelle Roland.
Anthéa saute sur Enbarr, Roland soulève Tim et l’installe derrière elle, il passe ses bras autour de sa taille. Aussitôt, Enbarr part au galop jusqu’au bout du quai le plus proche et continue sur la mer à la surprise de certains.
— J’espère que ta licorne a le pied marin ! demande Roland.
— Elle fera ce que je lui demande, répond Ainu.
Le reste du Ka-tet se dirige vers un autre quai où un petit cogge de cinq toises de long et trois de large, est sur le point d’appareiller. Sur le gaillard d’arrière, le capitaine surpris par le glas, regarde cet attroupement qui approche de son navire en courant.
— Holà ! Capitaine ! Nous souhaitons embarquer…
Roland sort de l’une de ses poches six pierres précieuses.
— Vous pouvez faire fortune, ajoute-t-il en montrant le contenu de sa main.
Le capitaine regarde l’escouade du guet qui pénètre à l’autre bout du port
— ou mourir aujourd’hui ! précise Adèle.
— Vous êtes les bienvenues.
Roland prend Sue dans ses bras et saute sur le pont. Ainu saute sur Tinuviel, tranche l’amarre arrière et fait bondir sa monture pour gagner le bord. Adèle fait de même avec l’amarre avant, qu’elle garde en main pour arriver, pieds en avant contre la coque le long de laquelle elle remonte pour arriver elle aussi sur le pont.
Le navire s’éloigne déjà du quai, quand le guet y arrive, et qu’apparaissent deux chapeaux hauts de forme suivis d’une autre silhouette à l’entrée des docks.
Roland s’assied, pose les pierres devant lui.
— Adèle, donne-les au capitaine !
Puis il prend l’Oo’lu, il joue pour la mère – il y a une mère Nature sur chaque monde, jeune et luxuriante, sage et apaisée, ou quasiment étouffée par la technologie, mais toujours en harmonie avec le Ka –, il joue la brise de terre, le navire accélère, il joue un vent très fort, L’Unicorne atteint trente-cinq nœuds(1), encore le Ka.
— Roland, je ne suis pas à tes ordres. Alors, un s’il te plaît serait le bienvenu. Ou alors, prends tes jambes et fais-le toi-même, grogne la jeune femme.
Le capitaine Paddock abasourdi par cette accélération approche de ses passagers.
— Mille millions de mille sabords, vous êtes de drôles de traîne-potence, vous alors ! Passons aux choses sérieuses mon paiement !
Roland joue maintenant la brume, un épais brouillard descend sur le port et les docks d’Erestia.
Adèle tend une pierre au capitaine Paddock.
— Voici un acompte, tu auras le reste quand nous débarquerons !
— Rhizopode !… Diplodocus !… Anthropopithèque !… Anthropophage !… (2) Ce n’est pas ce qui était convenu ! Je pourrais vous faire jeter par-dessus bord par mon équipage !
Adèle, Ainu, et Sue éclatent de rire, cette dernière agile comme un singe grimpe au mât – laissant pantois les membres de l’équipage –, scrute l’horizon à la recherche d’Enbarr et de ses cavaliers. Nous allons bien rire quand les marins vont les voir !

***
Notes :
(1) Vitesse que seuls deux trimarans ont atteinte à ce jour, les monocoques les plus performants avoisinent les vingt-cinq nœuds, mais aucun d’eux ne dispose de magie.
(2) Invectives engendrées par le Générateur d’insultes du Capitaine Haddock !

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Auteur de ce chapitre : scifan.

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