Ainu regarde l’objet qui tombe du ciel droit sur le bateau. Il est encore très haut quand un deuxième hurlement se produit, et la chose semble se séparer en deux. Le dirigeable reprend de la hauteur pendant que l’autre partie continue de piquer vers le navire. Au fur et à mesure qu’il se rapproche, on aperçoit deux ailes qui se déploient pour ralentir la chute. Sue se rapproche d’Ainu :
— Je parie que tu connais ça, princesse.
— Sindaril… c’est mon dragon.
— Que veut dire son nom ? Tous les noms elfiques veulent dire quelque chose, non ?
Ainu se retourne vers la petite fille.
— Tu retiens vite… C’est plus dur à traduire. On peut dire ‘le langage’, mais c’est plutôt un concept “Ce qui permet aux hommes de communiquer”.
— Quel âge il a ?
— Décidément, Sue est passionnée par la longévité…
— Il est très jeune, il a à peu près mon âge, Ainu sourit. Un peu plus de 500 ans, je suis allée le chercher dans la montagne avec mon papi quand j’avais presque trois ans…
Sue a un regard désapprobateur.
— Vous enlevez des jeunes dragons…
Pendant cette discussion, Roland s’est rapproché, et les marins se sont réfugiés à l’autre bout du bateau.
— Non, c’est le cycle normal. De temps en temps, les dragons adultes partent dans la montagne, là ils se reproduisent. Quand les jeunes dragons sont prêts, les mamans les confient aux elfes pour les élever.
— Ils habitent dans les écuries ?
Ainu rit.
— Non, ce sont les licornes qui habitent dans les écuries, et seulement les licornes domestiquées. Parce qu’il y a aussi les troupeaux de licornes sauvages dans la forêt. Les dragons vivent dans la tour à dragon, une très haute tour d’où ils peuvent s’envoler. Mais il n’y a pas beaucoup de dragons, à peine quelques dizaines en tout.
Ainu s’avance jusqu’au bastingage et monte dessus. Le dragon est maintenant tout proche et commence à faire des cercles autour du bateau en poussant d’autres hurlements puissants. Il fait à peu près la moitié de la taille du bateau, et porte une selle au bas de son cou et plusieurs grosses sacoches sont fixées sur son dos.
Il jette un regard vers le dirigeable qui s’éloigne en fumant un peu et crache un jet de feu de plusieurs dizaines de toises en sa direction, sans l’atteindre, car il est beaucoup trop loin.
Roland s’est aussi rapproché. Il scrute la mer et s’écrie :
— Là… Enbarr !
Il tend le bras vers l’horizon et effectivement on voit un cheval galoper vers le bateau.
Ainu crie quelque chose en elfique. Le dragon se met en vol stationnaire devant elle et tend sa tête gigantesque. La princesse avance la main et le caresse entre les yeux. Elle continue à parler un peu. Le dragon s’écarte, et après un dernier rugissement, prend de la hauteur et s’éloigne vers le large.
***
Auteur de ce chapitre : Sangdragon.
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