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34 – Mue

La dernière parole achevée, le guerrier à l’ample tunique releva la tête pour voir que son invité était pleinement réveillé. On pouvait déceler dans les yeux de celui-ci une sorte d’effroi mêlée d’interrogation quant à la suite des évènements, qu’il s’entendit confirmer.
— On va faire vite : d’où viens-tu ?
— Co… comment ça d’où je viens ?
— Que tu me le dises ou non ne changera rien, c’est juste pour l’entendre, alors ?
— De la grande forêt, au nord.
— Oui bien sûr.
Qraem’terh mit ses mains à plat vers le feu, comme pour se réchauffer, et des flammes affamées remontèrent lentement pour lécher les chevilles remuantes.
— Attends, attends, je…
— Non, en fait, tais-toi !
Apeuré, l’Orc de la grande forêt au nord se tut, et le brasier s’intensifia jusqu’à recouvrir la moitié de son corps gigotant. Mais alors qu’aucune chaleur ne vint le brûler, le fait de ne pas ressentir de grandes souffrances le stupéfia tellement qu’il partit d’un rire saccadé, partagé entre peur et soulagement.
— Ah ah aaah… aaaah… en fait, t’es une sorte de saltimbanque c’est ça ? Tu fais des tours de passe-passe ?
De réponse, il n’eut qu’un soupir désabusé. Il faudra vraiment changer cette part du rituel. Le mage esquissa alors une ellipse dans les airs, la matérialisa en un ovale argenté au-dessus de la tête de l’Orc, et tout en jetant un regard vers la lune, l’orienta dans cette direction. Il ferma les yeux, et entra en communication avec sa confrérie. Le portail lunaire échangeant les pensées, il acquiesça en silence à un ordre inaudible.
Oui, j’ai là, je le pense, un Orc qui devait vivre à Alastyn. S’il a trouvé, lui et ses complices, l’accroissement de magie que nous cherchions, c’est que la cité a fait de lui un renifleur. Je vous l’envoie pour le placer dans le réceptacle.
Les flammes formaient un cocon tournoyant qui enveloppait la chrysalide de lumière, attendant sa proche transformation. Quelques mots et gestes de plus finirent d’attiser le feu, que le mage fit croître jusqu’au portail. Il se concentra, dressa ses mains à la lune dormante, et fit s’étirer les flammes devenues cyclone lumineux jusqu’au disque. Le miroir elliptique brilla intérieurement, et accueillit la petite tornade lumineuse qui s’affinait, s’amenuisait pour finir en une fine corde tourbillonnante, ayant transmuté en milliers de couleurs ce qu’elle contenait.
— Aign ts’aaaah, hem’tek tèh !
La base du feu explosa et le portail terrestre conduisit vers le portail lunaire l’Orc transformé. Qraem’terh attendit la décision du conseil, et pénétrant dans le feu, se transforma à son tour pour rejoindre ses maîtres ancestraux.

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Auteur de ce chapitre : Perplex.

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