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44 – Entrainement

Roland s’est levé tôt ce matin. Il descend dans la grande salle de l’auberge où une servante commence juste à préparer la salle pour la journée. Il entend de l’agitation dans la cour. Il s’approche de la porte et sort. Dans la cour déserte, Ainu s’entraîne. Elle est vêtue d’un simple surcot serré à la taille par une ceinture de tissus, d’un pantalon moulant et de ses bottes. Elle effectue une chorégraphie rapide et répétitive en tournant régulièrement sur elle-même, et en poussant des cris puissants au moment où elle change de direction, tissant autour d’elle un rempart d’acier et tranchant ou piquant des ennemis imaginaires. Quand elle aperçoit Roland, elle termine sa série et s’arrête. Elle est trempée de sueur. Roland imagine qu’elle doit se démener depuis, déjà un bon moment.
— Joli sabre. C’est ce que vous appelez un katana ?
Ainu regarde sa lame gravée.
— Oui, Elle reprend son souffle
— Étrange entraînement, on aurait dit une danse
— C’est l’entraînement de la légion. Mais eux font plutôt ça avec des lances.
Roland cherche dans ses connaissances des informations sur la légion elfique. Ainu lui donne les informations qu’il souhaite.
— C’est le corps de bataille de mon peuple. La légion combat en groupe compact. Il n’y a pas de place pour l’individualité. Chaque groupe s’appelle un manipule, qui reste en formation pendant toute la bataille. Les légionnaires sont protégés par de grands boucliers qu’ils maintiennent serrés, de façon à ne pas être vulnérables. Régulièrement, la ligne au contact est remplacée par les soldats suivants, ce qui fait que ce sont toujours des troupes fraîches qui se battent.
— L’entraînement à l’air dur. Comment sélectionnez-vous les combattants de la légion ?
— Le tamis…
— Le tamis ?
— Les aspirants légionnaires reçoivent une formation de base, sommaire. Puis lors de leur première bataille, ils sont mis là où le combat est le plus dur. Ceux qui n’ont pas de chance ou ne sont pas assez adroits meurent vite. Ensuite, on commence la formation des survivants…
Roland est effaré. Il ne pensait pas que le monde des Elfes était aussi cruel.
— Mais… les Elfes ne sont-ils pas immortels ?
Ainu rit
— L’immortalité est relative… Nous ne vieillissons pas, nous ne sommes jamais malades, mais nous pouvons mourir par accident. En fait… Ainu a un geste au-dessus de sa tête. Le nombre d’Elfes vivants est une constante dans l’univers. Un de moins par ici, un de plus par là… Bon assez causé, je prends un bain rapide, et l’on va chercher ces chevaux…
Quelques minutes après, Ainu revient. Elle porte son équipement de la veille, bottes, brassards, et cuirasse en cuir de dragon par-dessus une tenue vert pâle. Tous deux partent vers les marchands de chevaux. La princesse se révèle extrêmement compétente, et a vite fait de sélectionner huit chevaux de monte et 5 de trait pour porter les bagages et les vivres.
Roland intervient prenant Ainu à part.
— Tu as sélectionné huit chevaux de selle, avec Enbarr et Tinuviel, cela fait dix montures pour nous cinq, quinze, avec les chevaux de bât, à harnacher, déharnacher, panser, nourrir, abreuver, et éventuellement soigner. À quatre, nous allons y passer deux à trois heures chaque jour. Quatre, car je doute fort que l’un de ces chevaux accepte d’être soigné par Sue, monter non plus d’ailleurs, Anthéa sur Enbarr et toi sur Tinuviel devrez probablement la prendre alternativement en croupe. En voilà deux de gagnées, je pense. Je marche dix à douze lieues par jour selon le terrain, encore deux de moins, si tu en es d’accord ?
— Nous aurons besoin de changer de monture régulièrement pour avancer vite. Il faut pouvoir se déplacer très vite en cas de danger.
— Espères-tu faire galoper les animaux de bât ? répond Roland du tac au tac. Et d’ailleurs en parlant des animaux de bât des mules – poitevine par exemple – me semble plus judicieuses, bien que beaucoup plus légères elles portent la même charge, mangent beaucoup moins, sont moins fragiles. Elles ont le pied plus sûr, et pourront éventuellement être montées une fois leurs charges consommées.
— Organiser des raids est une de mes compétences. En cas de danger, ou d’adversaire en nombre, on doit pouvoir se déplacer très vite si l’on veut avoir une chance. Les chevaux de bât que j’ai choisi sont rapides. Disposer de montures supplémentaires permet de changer en cours de journée et cela augmente notablement notre vitesse. Et les soins seront restreints au minimum pendant le voyage.
— Je n’utilise pas de monture, cela ne signifie pas que je n’ai pas de connaissances “théoriques”, mais je ne saurais comme toi choisir les meilleures bêtes.
— En cas de besoin de fuir, il faut que tu puisses suivre. Sinon, je crains qu’Adèle risque sa vie inutilement pour te sauver et que cela mette en péril notre quête.
— Dans ce cas, je prendrais un des deux chevaux de selle non monté, mais fais comme tu le souhaites.
— Ne te méprends pas, Roland. Je n’abandonne jamais un camarade de combat. Mais pour le moment, tu n’en es pas encore un… Tu pourras prendre n’importe lequel des chevaux, je les ai choisis calmes, pour que les débutants n’aient pas de difficultés.
Ils finissent de sélectionner les montures et sont de retour avant midi à l’auberge avec les animaux.

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Auteur de ce chapitre : Sangdragon.

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