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50 – Pendant ce temps-là

À bord du “H.M.S Mirage”, c’est le branle-bas, un dragon vient de s’abattre sur l’enveloppe du vaisseau. Le capitaine a beau hurler des ordres, l’équipage être aux postes de combat ; c’est la catastrophe, l’armement dont est équipée la nacelle est inutilisable pour se défendre d’une attaque au-dessus de l’enveloppe, un ballonnet est déjà crevé par les griffes de l’assaillant, qui rabat le navire vers les flots. Siegfried lève le bras droit vers le ciel et ouvre sa main, une chaîne d’or en sort et monte le long de la structure de l’enveloppe pour saisir le dragon, mais celui-ci déchirant un deuxième ballonnet lâche sa proie, et pique vers le cogge sur lequel ont embarqué le garçon qu’il poursuit et ses acolytes. Malgré deux ballonnets crevés, le dirigeable libéré fait un bond ascensionnel.
— Merde, j’espérais bien le couper en deux, dit-il.
Il amorce le mouvement qui permet à la chaîne de réintégrer sa place, pendant que le capitaine envoie des gabiers calfeutrer les ballonnets déchirés.
— Moi je l’aurais volontiers brûlé, c’est amusant de cramer un dragon, l’arroseur arrosé, un grand classique non ? s’exclame Milory, avant d’ajouter : il va en faire un barbecue du rafiot, griller nos proies ?
Il est idiot le démon ou il fait de l’humour ?
— Il a plutôt l’air d’aller rejoindre son maître ! En tout cas pour la discrétion c’est mort, regardez, il reçoit des ordres… Il repart vers l’ouest… Maintenant, c’est la fille qui arrive sur son cheval qui galope sur les flots comme s’il s’agissait d’une prairie.
— Ça se couvre, regardez, professeur, ils attachent un radeau, à la poupe, pour le cheval.
— Vous avez raison, mon cher démon, pour se couvrir ça se couvre, nous allons bientôt les perdre, vous n’auriez pas une idée pour dissiper cette purée de pois qui s’étend à perte de vue ?
— Que voulez-vous, professeur ? Que je convoque deux ou trois cents de djinn, pour qu’ils soufflent les nuages sur neuf cents lieues ? (1)
— Non, vous avez raison, de toute façon quand les nuages se dissiperont, nous n’aurons aucun mal pour repérer un cogge de cette taille avec un radeau en remorque. La question est : vont-ils garder le cap au nord ou faire demi-tour ?
— Ils vont en profiter pour faire demi-tour. Puisqu’ils savent que nous les avons vus naviguer cap au nord !
— Sauf s’ils raisonnent au deuxième degré, et donc continuent cap au nord, de plus le navire est chargé de marchandises qui étaient probablement destinées au nord, cap pris au sortir du port. Seule certitude, ils ne retourneront pas à Erestia.
— Je propose de nous laisser porter par les vents, pour économiser le carburant inexistant dans ce monde, intervient le capitaine.
Le professeur approuve.
Le lendemain quand le ciel se dégage, pas le moindre cogge, avec un radeau en remorque, à l’horizon. Milory entre en transe, sonde le continent, à la recherche de concentration de pouvoirs magiques, c’est long, épuisant, le continent est vaste, les mages, démons, sorciers, nécromants, elfes, des deux sexes et créatures magiques, sont très nombreux. À trois reprises, il localise des concentrations importantes, mais après examen les caractéristiques sont différentes de celle du groupe recherché, et là, oui à Alexandia, c’est ça, c’est bien eux !
— Capitaine, cap sur Alexandia !
Cinq heures plus tard, Siegfried baisse les bras vers un bateau de pêche, il ouvre les mains, deux chaînes d’or en sortent, descendent jusqu’au bateau, s’enroulent autour du cou de chacun des deux pêcheurs qui sont à bord, les étranglent, le professeur se retient. Ne pas les décapiter, ne pas inonder leurs vêtements de sang. Les chaînes relâchent les cous des pêcheurs et réintègrent leurs places.
Siegfried et Milory descendent le long d’un filin, prennent pied dans le bateau, déshabillent les deux marins, jettent les corps à la mer, enfilent les vêtements des morts, mettent les leurs dans le sac marin que le professeur avait pris soin de prendre. Ils mettent le cap sur le port de pêche, il est seize heures lorsqu’ils débarquent à Alexandia. Milory se concentre.
— Ils ne sont plus là !
— Cherche-les !
— Vous êtes bien bon professeur ! En l’air, c’est faisable, mais au sol au-delà d’une ou deux lieues(2) c’est impossible !

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Notes :
(1) Ici, il s'agit de lieues marines égales à 1/20e de degré (du périmètre de la Terre à l'équateur).
(2) Et là, de lieues terrestres ou lieues communes, plus courtes, égales à 1/25e de degré.

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Auteur de ce chapitre : scifan.

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