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63 – Anthéa rallie Phorcos

La caravelle faisait encore et toujours route vers l’ouest... Des cartes qu’ils avaient pu observer avec Aran, ils ne devaient plus être loin d’Alastyn, mais cela ne les aidait guère à trouver l’inselberg du pays perdu... Et rien. Rien en vue. Ni Alastyn ni inselberg...
Anthéa se dirige doucement vers le capitaine.
— Il est temps de tester votre plateforme, capitaine. Enbarr et moi allons quitter le bord.
Sur ordre du capitaine, l’équipage se met en branle et arrime une plateforme capable de soutenir l’étalon. Sans hésiter, Anthéa monte ce dernier et prend place. La plateforme descend doucement et s’arrête à fleur d’eau.
Enbarr s’avance au pas et s’éloigne marchant sur l’eau avec assurance. Ils s’éloignent encore de quelques toises afin de ne pas risquer la sécurité du navire.
— PHORCOS ! Alastyn a besoin de toi !
La voix d’Anthéa résonne de son ton puissant par-delà les flots. Quelques minutes plus tard, les eaux tourbillonnent, s’agitent, formant un maelström duquel apparaît Phorcos. Il est toujours aussi impressionnant avec ses deux toises de haut, quatre de long. Sa queue émerge de l’eau de façon frénétique et cingle l’air. Ses pinces géantes émettent des claquements secs. Sa chevelure émet des sifflements agacés. Il pose son regard sur Anthéa et hausse un sourcil d’étonnement.
— Encore vous !? Princesse, que puis-je pour vous être agréable cette fois ?
Anthéa ne relève pas le ton ironique de sa voix. Elle incline sa tête dans une marque de respect et attaque directement dans le vif du sujet.
— Phorcos, je vous ai appelé afin de solliciter l’appui du peuple de la mer. Je compte regagner Alastyn et débarrasser mon royaume de la vermine qui le souille. Le prince Sangdragon s’est joint à moi dans ce combat. Cette bataille ne peut se préparer sans le peuple de la mer. Votre peuple est l’allié du mien depuis des siècles, nous nous sommes toujours accordé un soutien inconditionnel. C’est sur cette base que je viens humblement à vous pour que vous joigniez vos forces aux nôtres afin d’éradiquer la menace que représente la confrérie des mages noirs. Je ne vous cacherai pas que Zarkain s’est dévoilé à moi dans un rêve. Il m’attend... Nous attend. La guerre est inéluctable maintenant. Alastyn doit renaître de ses cendres et redonner au monde la magie ancestrale qui préside à toute chose, apaise les âmes torturées par la magie noire, apporte paix et amour. Je dois rejoindre mes parents. Il est temps.
Phorcos sourit.
— Tu as grandi en quelques semaines. Mon peuple sera bien entendu à vos côtés. Nous allons enfin broyer ces créatures méprisables qui salissent nos côtes, nos eaux et enrôlent parfois de force nos enfants. Dis-moi où et quand.
Les yeux d’Anthéa brillent d’émotion, un sourire s’affiche sur son visage.
— Rejoins Aran. Il est au large d’Alastyn, à quelques lieux du château. Des gwaths protègent la flotte. Mais avant, je t’en prie, peux-tu me mener à l’inselberg du pays perdu ?
— Tu y es, mon enfant ! Regarde bien autour de toi. Ta destination est ce nuage fixe que le vent ne peut balayer... À bientôt, princesse. Nous nous reverrons bientôt et tu seras aux côtés de tes parents.
Sur ce, Phorcos disparaît dans les profondeurs de l’océan.
Anthéa regagne la caravelle. Elle laisse Enbarr sur la plateforme attenante au navire et se hisse à bord. Elle raconte son entrevue à ses compagnons. Tous sont rassurés de savoir le peuple marin prêt à se joindre aux forces elfiques.
Anthéa s’approche de Tim.
— C’est à nous, maintenant... Il est temps de voir ce nuage que rien ne bouge...
Elle le prend par la main puis ferme les yeux. Tim en fait autant. Dans une communion totale, ils invoquent ensemble les vents marins. Des bourrasques se déchaînent autour du navire sans jamais s’en approcher. Les vents se renforcent et s’étendent à plusieurs lieues autour d’eux. Tous les nuages sont balayés tels des fétus de paille. Un seul reste en place comme figé.
Roland s’approche du bastingage et désigne le nuage.
— C’est là que nous allons !

***
Auteur de ce chapitre : Nathdse.

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