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67 – Le retour de l'héritière

Adèle affiche un air circonspect...
— Tu es sûre de pouvoir les maîtriser ?
Anthéa sourit sûre d’elle.
— En ma demeure, nul pouvoir ne peut me submerger. Ce château veillera toujours à le contenir.
Elle s’avance, inspire profondément et murmure des phrases inintelligibles à ses compagnons
— Na céimeanna mar thoradh dom i mo chaisleán.
Aussitôt, une brume apparaît à ses pieds et se répand jusque sur les murs du puits et les marches. Un voile mouvant bleuté prend peu à peu la place et entoure les compagnons. Anthéa s’avance vers l’endroit où se trouvaient les marches quelques secondes auparavant. Elle se tourne vers ses amis en souriant.
— Vous venez ?
Elle traverse le voile, suivie de près par Blue et Enbarr.
— Ouah ! Sue est admirative...
Adèle incrédule... Tim abasourdi.
— Pas mal la petite !
Ainu contient un sourire et va à la suite d’Anthéa. Roland ferme la marche s’assurant que personne ne restera derrière.
Ils ressortent les uns derrière les autres dans une salle immense, toute en marbre blanc. Des peintures représentant des êtres magiques ornent la pièce. Toutes représentent des Lumineux accompagnés de diverses espèces magiques, elfes, fées, métamorphes, djinns, lutins. Il n’y a que des scènes de liesse, de paix partagée. Seule la dernière peinture montre dans un coin quelques nuages sombres striés d’éclairs et laisse à côté un pan de mur vierge. Les fenêtres sont nombreuses et laissent passer le soleil. Ornées de rideaux bleus nuit attachés par des cordons argentés, elles semblent guider le visiteur jusqu’au fond de la pièce où se trouvent deux trônes de tailles égales, sculptés dans du bois blanc et gravés de motifs rappelant les arabesques des bras d’Anthéa.
La jeune fille s’avance, passe sa main sur les trônes et quitte la salle par une double porte à leur dextre. Elle entre dans une pièce circulaire où nul plafond ne vient assombrir la clarté du soleil. Ils se trouvent dans l’un des dômes. La lumière y est éclatante. Seule une table ronde se trouve en ces lieux. Son plateau en verre semble onduler, n’avoir ni surface ni fond. Anthéa dresse ses bras au-dessus, paumes à demi inclinées vers le bas.
— Taispeáin dom mo thuismitheoirí !
Une lumière incandescente éclate tout à coup et s’atténue doucement jusqu’à montrer un couple. La femme semble dormir sur une table en marbre rose, tandis que l’homme est dans les profondeurs de la terre se faufilant entre des roches, traversant des racines. Il s’arrête soudain et se tourne comme s’il pouvait voir la salle du dôme. Anthéa ! L’appel résonne dans toutes les têtes... Un sourire doux et fier apparaît sur le visage de l’homme.
— Père..
— Anthéa, n’ouvre pas le château. Attends mon signal et trouve ta mère avant. Je viens vers vous. Enfin... Enfin, tu es là, ma fille.
L’image se brouille et revient sur Eileen. Blue regarde l’image puis Anthéa. Il s’approche doucement en gémissant. Attrapant délicatement la main de la jeune fille entre ses crocs, il la tire vers la sortie. Viens ma lumineuse, je vais te guider. Je suis sûr qu’il s’agit de l’odeur que je sens.
Blue part prestement vers une coursive cachée par un rideau. Il longe de longs couloirs où divers portraits sont affichés. Il grimpe un escalier gigantesque pendant plus de deux étages et arrive enfin à un couloir doté d’un tapis duveteux bleu constellé d’étoiles argentées. Anthéa s’arrête sur le palier. Elle a du mal à respirer et se rend alors seulement compte qu’elle a couru à perdre haleine pour suivre Blue. Est-ce son propre cœur qui bat ainsi ? Non, elle pourrait en jurer. Il lui semble que la pulsation vient des murs eux-mêmes, du sol, du plafond. Un cœur qui bat doucement, sûrement... Ne suivant plus que son instinct, elle entre dans une pièce au milieu du couloir et trouve la table en marbre, et dessus... Eileen. Une forme de magie flotte dans la pièce. Elle tourne autour d’Anthéa, déclenchant des frissons à la jeune fille. Blue n’a pas la même chance et semble tout à coup souffrir. Il gémit et rampe au pied d’Anthéa puis grogne contre ce qui l’agresse.
— DÓTHAIN !
La magie se retire immédiatement.
Elle s’avance vers le corps inerte retenant son souffle. Elle pose la main sur celle d’Eileen.
— Mère... C’est moi, Anthéa...
Eileen ouvre lentement les yeux et regarde sa fille. Un sourire naît sur ses lèvres tandis qu’une larme coule doucement. Se redressant, elle tend les bras à sa fille.
— Anthéa, ma chérie.
Anthéa tremble d’émotions, elle se blottit dans les bras accueillants et sanglote.
La puissante magie d’Alastyn s’éveille à cette étreinte dans une explosion de lumière. L’onde de cette puissance se répand dans tout le château, ses entrailles, et se déverse dans la ville basse, dans les plaines et forêts environnantes, ne ratant aucun village encore debout, aucun être vivant sur l’île, aucun brin d’herbe, aucune pierre. Le retour des Lumineux en leur château venait d’être annoncé.

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Auteur de ce chapitre : Nathdse.

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